Les Français et leur nouvelle relation à l’épargne

Tribune de Didier KLING, Président du Groupe CNCEF sur les Français et l'épargne suite à la crise. 
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Les Français et leur nouvelle relation à l’épargne

La crise sanitaire a révélé un comportement nouveau de la part des épargnants en direction des marchés financiers. Entre le sentiment de devoir sécuriser leurs placements et celui de gérer leur portefeuille en ligne, le rôle des conseils experts-financiers sera capital pendant cette période de reprise, notamment par la pédagogie financière et pour assurer le financement de l’économie réelle. Explications. 

L’heure du déconfinement s’accompagne des premiers bilans dans la manière dont les Français ont traversé la crise sanitaire et adapté leur mode de consommation. Ainsi, TNS SOFRES publie un baromètre relatif à l’attitude des épargnants durant cette période. Elle révèle trois enseignements fondamentaux : leur besoin de confiance, une demande plus forte en matière d’accompagnement et une appétence plus prononcée pour les outils de gestion en ligne. 

Tout d’abord, durant les deux mois de confinement, près de 7 Français sur 10 se sont montrés inquiets s’agissant de la baisse des marchés financiers. C’est sans doute ce qui explique le taux assez faible d’opérations durant la période (13%). L’institut de sondage qui a mesuré ces différents sentiments, relève également que cette angoisse a été similaire, voire supérieure à celle éprouvée lors de la crise des subprimes en 2008. Mais elle a cependant développé, confinement oblige, une attraction très forte pour la gestion de leur épargne en ligne. Ainsi, 81% des sondés valident désormais le modèle full digital.  A l’heure du déconfinement, l’on constate que ce sont surtout les plus de 35 ans (81%) qui ont été attentistes et angoissés pour l’avenir de leurs placements. D’un autre côté, les détenteurs de produits dynamiques ou possédant une épargne financière supérieure à 75 000 € ont essayé de saisir les opportunités et se sont montrés les plus actifs. Le réflexe adopté par ces derniers a été plutôt sécuritaire car 10% d’entre eux, ont préféré des placements estimés plus sûrs que les précédents. 

Renforcer le conseil et la pédagogie financière

L’usage massif du digital et la crainte d’accéder à son établissement financier liée à la  COVID-19 ont renforcé le sentiment des Français de ne pas être suffisamment conseillés. Ainsi, 16% d’entre eux estiment n’avoir pu accéder facilement à un professionnel dédié. En matière de conseils, là encore, ce sont avant tout les détenteurs de produits dynamiques qui ont le plus recours à leur interlocuteur habituel. Au final, les Français ont le sentiment de ne pas avoir été accompagnés durant la crise et 20% regrettent de ne pas avoir reçu un conseil spécifique. 

Enfin, il faut noter une appétence plus prononcée pour les outils de gestion en ligne. 81% des sondés valident le full digital pour gérer leur épargne. En effet, par crainte du virus et de la limitation administrative des sorties, les Français n’ont pas hésité à se convertir au modèle en ligne, pour lequel ils exprimaient auparavant quelques réticences. Ainsi, 12% d’entre eux ont pu réaliser à quel point consulter et gérer leur épargne en ligne, en toute autonomie, est indispensable. Tandis que 8% des interrogés déclarent s'être familiarisés avec succès à ces différents outils. Soit 20% de nouveaux « convertis » à l'épargne en ligne. Ils rejoignent ainsi les 61% d'épargnants qui étaient déjà à l'aise avec la consultation et la gestion de leur épargne en ligne. En définitive, un peu plus de 8 Français sur 10 approuvent le modèle 100% digital pour gérer leurs placements financiers.

Un rôle à jouer 

Ces différentes données, à l’heure de la reprise, doivent éclairer nos professionnels libéraux qui accompagnent leurs clients, dans les domaines de l'investissement et du patrimoine, de l’assurance, du crédit, de l’immobilier de placement et du développement de l’entreprise. Des experts “accompagnateurs de croissance”, présents sur l’ensemble du territoire national qui s’engagent à rendre accessible le conseil par l’épanouissement de tous les acteurs de l’économie réelle. Ceci bien sûr, dans le respect de la déontologie et de la protection du client. D’ailleurs, en cette période d’incertitude, il est d’autant plus important de s’en remettre à un professionnel de confiance. L’actualité des jours derniers a amené les autorités de tutelle à mettre en garde les particuliers contre les “faux placements” rencontrées sur le web, les incitant à investir dans des produits ou des actifs relevant de la pure escroquerie.

Nos métiers de l’expertise financière s’inscrivent dans la proximité et la sécurité. D’abord, par le rôle des associations professionnelles qui encadrent et forment les professionnels. Ensuite, par le regard du Législateur et du Régulateur qui veillent à la bonne pratique. Ainsi s’est installée une confiance durable et réciproque entre nos membres et leurs clients depuis plusieurs décennies, où la sinistralité est quasiment nulle.  

Désormais, nos professions doivent tendre vers une plus grande pédagogie financière, dans la mesure où ce qui est clairement enseigné et expliqué aux consommateurs est souvent mieux admis et accepté d’eux. Cette pédagogie ne pourra que renforcer leur autonomie de gestion et faciliter la compréhension des grands mécanismes de la finance dont le rôle est d’apporter le plein dynamisme dont notre économie a besoin. Autant de défis que nous aurons à relever dans les semaines à venir pour le bon redémarrage de notre pays. 

A propos de l’auteur : 
 
Président de la Chambre Nationale des Conseils et Experts Financiers (CNCEF) depuis 2004, Commissaire au compte, Didier Kling a fondé dès 1979 son propre cabinet, dont il est Président directeur général. Expert près la Cour d’appel de Paris depuis 1983, agréé par la Cour de cassation depuis 1999, il est également membre du collège du Haut Conseil du Commissariat aux Comptes depuis 2003. Président de la CCI Paris-Île-de-France depuis 2016. Cet éclectisme est le reflet d’une formation multidisciplinaire, en droit, commerce (Chambre de commerce Britannique) et en études politiques (IEP de Paris). 

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