Lettre ouverte au Ministre délégué au Logement

Tribune de Côme ROBET, Président de CNCEF Crédit et Jean-Paul SERRATO, Président de CNCEF Immobilier. 
Lettre ouverte au Ministre délégué au Logement

Monsieur le Ministre,

 

Nous vous présentons nos félicitations et nos vœux les plus sincères de réussite. Votre nomination était attendue, c’est le moins que l’on puisse dire, au moment où notre pays traverse depuis des mois, une grave crise de l’immobilier et du logement. Multisectorielle, elle touche d’abord les Français qui sont dans l’incapacité de se loger convenablement, subissant la précarité énergétique, découragés pour la majorité face aux carcans des aides à la rénovation. Que dire des primo-accédants laissés sur le bord de la route et qui voient le projet de leur vie tomber à l’eau en raison du verrou des 35% de taux d’endettement maximal imposé par le Haut Conseil de Stabilité Financière ? Éclipsant la notion de reste à vivre, ce pouvoir excessif d’un comité consultatif a privé 240.000 ménages d’un accès à la propriété entre 2019 et 2023. 

 

Acheter ou vendre un bien est donc devenu un véritable parcours du combattant. En plus de la conjoncture derrière laquelle les pouvoirs publics se réfugient, des lourdeurs encombrent la vie de nos concitoyens. Nous visons notamment la fiabilité du Diagnostic de Performance Énergétique dont la légitimité interroge : deux tiers des logements seraient sur ou sous-évalués énergétiquement. Nous déplorons également l’impréparation de l’élargissement du Prêt à Taux Zéro qui a fait l’objet de beaucoup d’annonces mais dont les décrets ne sont pas effectifs. 

 

Que faut-il penser du recul de l’investissement locatif dans l’ensemble des territoires à l’heure où préparer sa retraite, répondre aux besoins des logements étudiants et séniors sonnent comme des nécessités absolues ? Partant, nous pourrions aussi rappeler que les professionnels du BTP, les agences immobilières et les offices notariaux sont emportés par la vague dévastatrice dont vos deux prédécesseurs, rue de Varennes, avaient connaissance.  

 

Enfin, interrogeons-nous sur la grande loi immobilier-logement promise pour ce printemps qui devait être portée par Monsieur Vergriete devant le Parlement. Pouvons-nous espérer qu’elle voie le jour, évitant un péril imminent ? Les députés, face aux difficultés rencontrées dans leurs circonscriptions, ont pris la mesure du malaise qui traverse le pays, puisque huit propositions de loi sont inscrites à l’Assemblée Nationale. Mais vous savez aussi bien que nous que ces textes connaîtront un processus propre à la vie parlementaire ne permettant pas de répondre à l’urgence immédiate. De même, le décloisonnement de la loi SRU et la construction de 30.000 logements en 3 ans dans 20 territoires ne peuvent constituer un choc de l’offre. Il n'aura pas lieu ! Comment peut-on sérieusement imaginer de rattraper en 6 mois un déficit d'offre quand la construction, empêchée par les normes françaises, affiche elle-même un retard ?

 

Hélas, Monsieur le Ministre ce n’est plus d’un choc dont le secteur en survie a besoin mais bien d’un électrochoc. C'est-à-dire d’un plan massif et immédiat, permettant aux Français de retrouver la capacité de répondre à un besoin vital et, pour la France, de considérer enfin l'immobilier-logement comme un secteur de l’économie à “réarmer”. Ou encore de redonner aux banques la liberté d’apprécier le risque d’octroi de crédit, d'autant que le surendettement ne concerne que très peu les propriétaires de leur résidence principale. Elles connaissent leurs clients et disposent de tous les outils pour se protéger respectivement. Nous ne manquons pas de propositions pour sortir de l’impasse et sommes prêts à vous les détailler lors d’un rendez-vous que vous voudriez bien nous accorder. 

 

Cette urgence, nous en sommes le relais à travers nos professionnels installés dans les régions. En effet, près de 50% des demandes de financement d’un bien immobilier passent entre les mains des courtiers crédit qui étudient particulièrement celles des primo-accédants. Les conseils en immobilier locatif nous font part des mêmes réalités implacables s’agissant du repli des investisseurs privés. 

 

Enfin, Monsieur le Ministre, au-delà des mesures, il faudra aussi restaurer la confiance, car les Français, à force d’entendre qu’ils ne peuvent plus financer un projet immobilier, n’osent même plus solliciter de crédit et les investisseurs optent pour la même position attentiste. Plus qu’une feuille de route ou une énième promesse, nous attendons tous que les actes se joignent à la parole. 

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